Jane Birkin : Rendez-vous

Rendez-vousRendez-vous

Jane Birkin

Album CD – 2004 – Capitol

Qui est donc Jane Birkin ? La réponse à cette question resta longtemps mystérieuse, tant il était difficile de dissocier la muse de celui dont elle fut aussi la compagne, Serge Gainsbourg, qui la révéla au public français dans les années 60.

Dès la première plage de Rendez-vous, d’un ironique « Je m’appelle Jane et je t’emm*** » lancé à un Mickey3d plus malicieux que jamais, la chanteuse répond avec humour à la question, et jette un sort à quelques stéréotypes sur son « accent britannique » et son « vieux jeans sale qu’elle trimballe depuis 1969″…

Elle qui, pourtant, avait juré au début des années 90 de ne plus chanter, reprend le chemin des studios, deux ans après Arabesque et six ans après A la légère. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne reprend pas la route seule ! C’est en effet une véritable haie d’honneur que lui offrent, en quatorze titres d’exception, des artistes de la scène tant francophone qu’internationale.

La particularité de cet album hommage est l’unité incarnée par la voix cristalline de Jane Birkin, unité qui se dégage de ce subtil mais non moins étrange mélange de langues, de styles et même d’époques !

Si la ballade oscille surtout entre français et anglais, quelques accents étrangers apportent une fraîcheur bienvenue à l’ensemble, comme O Leaozinho, le duo en brésilien avec Caetano Veloso ou les accords ensoleillés de l’Italien Paolo Conte, et bien sûr, le plus inattendu en dernier, le duo en japonais avec Yosui Inoue.

Parlant d’univers différents, l’on ne peut s’empêcher d’évoquer l’ambiance si caractéristique insufflée par des artistes tels que Beth Gibbons, du groupe Portishead, de Brian Molko, de Placebo ou de Brian Ferry et de ses envolées électroniques sur In Every Dream Home A Heartache.

Quant au contraste des époques, Jane l’évoque en s’étonnant elle-même de sa collaboration avec Mickaël Furnon de Mickey3d, dont elle pourrait être la grand-mère, et se régale de sa complicité déjà ancienne avec les deux Alain, Souchon et Chamfort. Celle-ci nous donne, avec T’as pas le droit d’avoir plus mal que moi et Palais Royal, deux titres superbes qui nous inspirent la même impression de mélancolie et de nostalgie grâce à de très belles paroles accompagnées par une musique remarquable de sobriété.

En ce qui concerne les reprises, les notes de Benjamin Biolay offrent un des plus beaux duos de l’album, avec Surannée, chantée initialement par Keren Ann mais reprise ici avec Françoise Hardy. Seul bémol à notre enthousiasme, Pour un flirt avec toi chanté avec Miossec, étouffe sous des arrangements trop lourds.

Mais plutôt que de finir sur une note négative, célébrons plutôt la belle réussite de la reprise du titre La grippe, interprété pour l’occasion avec Etienne Daho, et chanté à l’origine par Jacques Higelin et Brigitte Fontaine.

Caroline Lesire

Liste des titres :

Je m’appelle Jane (en duo avec Mickey 3D)
T’as pas le droit d’avoir moins mal que moi (en duo avec Alain Chamfort)
In Every Dream Home a Heartache (en duo avec Bryan Ferry)
Palais royal (en duo avec Alain Souchon)
La grippe (en duo avec Etienne Daho)
Strange Melody (titre de Beth Gibbons)
O leaozinho (en duo avec Caetano Veloso)
Pour un flirt avec toi (en duo avec Miossec)
The Simple Story (en duo avec Feist)
Te souviens-tu ? (en duo avec Manu Chao)
Smile (en duo avec Brian Molko)
Surannée (en duo avec Françoise Hardy)
Canary Canary (en duo avec Yosui Inoue)
Chiamami adesso (en duo avec Paolo Conte)

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